Sucre et émotions de nos enfants

Comprendre le métabolisme du sucre

L’assimilation des aliments qui contiennent des glucides [un yaourt (qui nous apporte du lactose), un fruit (du fructose), des bonbons (du saccharose), des pommes de terre ou du pain (de l’amidon)] démarre dans la bouche.

Dans la bouche s’amorce la digestion grâce aux actions combinées de la mastication et de la salive sur les aliments.

L’amylase salivaire présente dans la salive commencer à digérer, découper, les longues molécules de sucres complexes en petits fragments de sucres simples.

Dans l’estomac, le travail de digestion se poursuit. D’autres enzymes sont sécrétées et prennent le relais. Les molécules sont découpées en éléments de plus en plus petits, jusqu’à ce qu’ils le soient suffisamment pour passer la barrière intestinale et être assimilés par l’organisme.

Environ 30 à 45 minutes après avoir mangé un aliment qui contient du sucre, la glycémie (taux de glucose sanguin) augmente.

Au niveau du pancréas, l’arrivée de glucose dans le sang induit la sécrétion d’une hormone appelée insuline, qui sert à faire passer le sucre dans nos cellules qui s’en nourrissent.

A mesure que le sucre est diffusé aux cellules, la glycémie diminue et revient à l’équilibre.

Ainsi, toutes les molécules de glucose résultant de la digestion des aliments vont être distribuées aux cellules de l’organisme notamment :

  • Les cellules musculaires, qui en tirent de l’énergie pour assurer les activités physiques au moment venu.
  • Les cellules du foie, qui les mettent en réserve pour assurer la nutrition du corps en dehors des prises alimentaires.
  • Les cellules adipeuses, cellules graisseuses, qui les mettent en réserve sous forme de gras.

Le sucre, en long, en large et en travers

La qualité du sucre

Le problème rencontré avec le sucre n’est pas seulement la quantité absorbée mais également la qualité.

Le sucre complet ou celui présent dans les fruits est riche en minéraux alors que le sucre blanc, raffiné et vide de micronutriment. Il nous appauvrit en minéraux car il pompe dans nos réserves, de magnésium et autres minéraux, pour pouvoir être digéré. Ce n’est pas le cas pour la digestion du sucre complet.

Le sucre complet, brut, non raffiné (Muscovado, Rapadura…) ainsi que le sucre des fruits est à privilégier. Le sucre blanc lui est à bannir !

De nos jours, la consommation de sucre raffiné est très importante.

Selon l’Insee, la consommation de glace est passée de 1 à 14l par personne en 5 ans. Celle des pâtisseries a doublé et en ce qui concerne les sodas, depuis 1950 leur consommation par personne est passée de 8 à 38 litres par an. Pour rappel, une cannette de soda représente 6 morceaux de sucre.

Le sucre est réconfortant

Notre appétence pour le sucre est naturelle et la saveur sucrée a une haute valeur affective (le lait maternel est sucré, le sucre réconforte et sécurise).

Le sucre participe à la sécrétion de la sérotonine (hormone du bonheur). Sérotonine qui sert à maintenir notre humeur. Plus on se trouve dans des situations agréables plus on fabrique de la sérotonine. Ceci entretien notre bonne humeur.

Il est bon de garder en tête que la sérotonine est une neurohormone fabriquée au niveau du cerveau et des intestins.

Le sucre appelle le sucre
Le sucre blanc est à considérer comme une substance addictive, c’est-à-dire que sa consommation appelle le sucre. Le pouvoir du sucre s’apparente à celui d’une drogue.

Normalement, l’insuline est sécrétée par le pancréas, dans le sang, en proportion adéquate et au bon moment pour faire baisser le taux de glucose qui augmente après un repas. Son action est dite hypoglycémiante et régulatrice.

Une alimentation riche en mauvais sucre va favoriser une sécrétion exagérée d’insuline. Le pic d’insuline va engendrer une baisse de sucre importante et s’en suit une hypoglycémie réactionnelle qui se fera sentir par différents symptômes :

  • Fatigue
  • Fringale et envie de sucre
  • Difficulté de concentration
  • Ses méfaits au niveau psychologique vont amener à des changements d’humeur, irritabilité, angoisse, dépression, stress, colère ou encore à des cauchemars.

Le corps se sent continuellement en sensation de manque, la tentation de grignoter est alors présente à toute heure de la journée.

Et le cerveau dans tout ça ?

Certaines zones du cerveau sont peu actives par rapport à la normale suite à la consommation de sucre raffiné.

Il y a une baisse d’activité du cerveau au niveau de Cortex préfrontal. Or, cette zone du cerveau est impliquée dans la motivation et la focalisation de l’attention, dans la gestion des émotions, les régulations du comportement alimentaire.

De plus, lorsque l’on consomme régulièrement des aliments sucrés, le plaisir diminue alors nous aurons besoin d’en consommer toujours plus pour avoir notre « dose ». Plus nous mangeons de sucre et moins le circuit de la récompense sera activé. Nous devenons également plus sensibles aux images de nourriture et nous finissons par manger sans avoir faim.

L’industrie alimentaire

Les industriels ont bien compris que le sucre appelle le sucre et l’utilisent comme exhausteur de goût et conservateur naturel.

Il est quelques fois présent de manière claire et évidente et il est parfois caché sous des termes « très élaborés » qui nous perdent … ce qui arrange bien nos industriels.

On retrouve du sucre dans la majorité des produits raffinés qui n’ont pourtant pas un goût sucré (pain, riz et pâtes blanches), dans les conserves, la charcuterie, les chips, les cornichons, la pâte à tarte, la sauce tomate, …)

La présence de sucre dans un aliment crée une mémoire associée au sucre et cette mémoire reste. L’expression d’une préférence pour un arôme ou une saveur rend le consommateur accroc. En utilisant sciemment le sucre dans leurs plats cuisinés, conserves, produits transformés, les industriels recherchent le conditionnement du consommateur pour induire une préférence pour un aliment et augmenter la consommation de cet aliment. Ceci est une arme économique impitoyable.

Nos envies de sucre seraient-elles aussi guidées par nos intestins ?

Comme vous l’avez certainement déjà entendu, nos intestins sont notre deuxième cerveau, en effet les intestins ont leurs propres neurones.

Dans la lumière de nos intestins, 100 millions de neurones effectuent des tâches essentielles et établissent des connexions directes avec le cerveau. Le système nerveux intestinal a jusqu’à 5 fois plus de neurones que la moelle épinière. Les cellules de l’intestin envoient jusqu’à 90% plus d’informations au cerveau que l’inverse. Le microbiote intestinal est essentiel dans ce dialogue.

L’intestin collabore constamment avec le cerveau, assurant la médiation de fonctions importantes telles que la production de sérotonine. Les neurones intestinaux remplissent des fonctions digestives, immunitaires, hormonales et métaboliques primordiales tant pour la santé biologique que psychologique.

Ces dernières années, nous avons découvert, par exemple, une relation entre certains troubles dépressifs et des altérations de ce vaste écosystème intestinal. Les neurones de l’intestin et le microbiome sont essentiels pour nous protéger des maladies et pour réguler l’humeur. Et ce, via la production de sérotonine.

Le sucre contribue à dérégler et appauvrir notre microbiote intestinal. Le cercle vicieux s’installe : plus on va manger du sucre et plus les bactéries qui se nourrissent de sucre vont se développer et envoyer au cerveau le message « donne-moi du sucre ». L’impact sur la santé globale est énorme.

Avant de terminer la lecture de cet article, je vous encourage à veillez à ne pas sous-estimer la consommation de sucre de votre enfant car le sucre se cache dans de nombreux aliments, qu’ils aient un goût sucré ou non. Partez à la recherche des différentes sources de sucre qui pourrait impacter votre enfant et dites-vous qu’avec peu de changements vous pouvez éliminer le sucre de vos assiettes.